Chaque ville, chaque village, arpenté tout au long de nos vies, raconte une histoire. Toutes ces rues que l’on a traversées, à pied ou en voiture, sont composées de bâtisses et autres éléments urbains qui, bien souvent, passent inaperçus, dérobés à notre regard quotidien. Pour la grande majorité d’entre nous, il s’agit tout simplement de façades, de mobiliers étant là pour répondre à une fonction. Pour d’autres, comme Jérémy, ce sont des toiles vivantes qui permettent l’expression d’une émotion créatrice. Afin de comprendre la vision de cet orfèvre de l’ombre, apportant la lumière sur tous ces équipements, nous graffons ici le portrait de cet artiste haut en couleur.

Dès l’enfance, peu intéressé par les jouets, son univers oscille entre deux passions : le ballon rond et le dessin. Si le premier reste un hobby qu’il pratique pour le plaisir, le deuxième a, quant à lui, pris peu à peu une nouvelle dimension dans sa vie. En effet, c’est à l’âge de 12 ans qu’il découvre l’univers du graff ; il remplace alors le crayon par la bombe de peinture. Dès lors, tout au long de ses études, il peaufine son art qui prend de plus en plus de place dans sa vie. Peu attiré par le système scolaire traditionnel qui l’éloignent de sa passion, sa scolarités se trouve empreinte d’un premier échec dans sa jeune vie d’adulte.

En effet, après avoir quitté le lycée sans diplôme, ses capacités créatives l’amène à intégrer et à décrocher licence de concepteur à l’IDEM, validée par un stage de 6 mois, dans une agence de communication à Barcelone. En même temps qu’il dépose ses nuances d’enseignement, il ajoute à sa palette de compétences diverses expériences professionnelles, dès l’âge de 16 ans, dans l’entreprise que dirige son père.

Ces moments, extrêmement fondateurs et enrichissants, lui ont permis de rajouter les couleurs du travail, de l’investissement et de la persévérance en milieu professionnel. Il comprend alors l’importance de la rigueur et des efforts soutenus, qui, encore aujourd’hui, le pousse à se surpasser.

En parallèle de cet apprentissage, les pigments de sa passion gagnent en intensité chaque jour. Si au départ il s’exprime sur les clôtures et autres mobiliers de la maison familiale, soutenu par ses parents désireux de le voir s’épanouir, l’appel de l’aventure urbaine devient de plus en plus fort. Ainsi, Jérémy, curieux d’explorer toutes les facettes de son art, part arpenter les rues des villes du département.

Si pour beaucoup le Street Art est synonyme de rébellion et de dégradation, pour Jérémy, ce mode d’expression a une signification toute autre. Pour lui, déposer son empreinte sur ces façades abandonnées est un moyen d’embellir ces bâtiments tristes et ternes, tout en laissant une trace indélébile de son passage. Dans une volonté de vivre intensément, il cherche juste à assouvir sa passion dévorante.

Même s’il est vrai que cette jeunesse effervescente et son besoin de se révéler l’amène parfois à franchir les limites, pouvant même flirter avec l’interdit, il souhaite avant tout marquer de son empreinte ces lieux oubliés. Toutefois, cette période, composée d’audace et de défis, a contribué à forger son caractère unique. De plus, son talent ne passe pas inaperçu et son nom sort peu à peu de l’ombre, si bien qu’en mars 2014, une opportunité professionnelle le pousse a créé son entreprise. Il se lance alors dans l’inconnu, dans un domaine d’activité encore méconnue dans le département.

Cette nouvelle fresque professionnelle, qu’il débute, lui fait prendre conscience de l’importance de certains aspects académiques qu’il avait auparavant négligé et qui sont pourtant indispensables à la bonne gestion d’une entreprise. De fait, à côté des bombes de peintures, il ajoute une à une ces compétences techniques, nécessaires aux bons fonctionnements de sa société.

Depuis, il dépose un à un les traits de son art pour mettre en lumière une autre facette positive du graff, voulant rendre fier sa famille, véritable soutient depuis toujours.
Ainsi tel un artisan méticuleux, il prend ces surfaces brutes et les transforme en véritables œuvres d’art, pour le plaisir visuel de tous. Il ne se contente pas de peindre, il sculpte la ville, pour que chaque coin de rue, aux trésors invisibles, apporte une nouvelle dimension à notre quotidien.

Texte écrit par Jérome Cardonna